jueves, 14 de febrero de 2008

des griots 2º

Des griots d’Afrique au hip hop – Sons échos et résonnances de l’océan (II)

Prof. Fabio Sambartolomeo

Traduction : Guy Everard Mbarga

En début d’année, j‘ai eu l’agréable surprise que la première partie de cet article se trouvait déjà publiée en France sur Afrikblog du frère africain Guy Mbarga. Cela m’a encouragé à éditer cette deuxième partie qui se propose d’aller en profondeur sur d’autres aspects qui continuent de mettre en évidence la présence afro dans des courants populaires comme le Hip Hop.


Peut-être que la forme musicale présentée par l’héritier du Jazz serait un bon point de départ. Le système question-réponse, si évident dans la musique traditionnelle africaine semble être présent dans les improvisations des poètes du rap. En Afrique de l’ouest, les troubadours (Griots) étaient les gardiens de l’histoire culturelle. Leur folklore de chanson parlée donna naissance aux arts verbaux aux États-Unis. Ces troubadours présentaient une oraison que la communauté répétait en chœur (système de l’antiphonie).

Dans le hip-hop, chaque mesure est envisagée comme une réponse qui trouve sa réponse dans la mesure suivante.

On trouve un autre exemple significatif dans la musique sacrée du Candomble, l’Abacuà, et d’autres expressions religieuses afro-américaines.

Alors que j’examinais du matériel de terrain et des archives audio pour le séminaire, j’ai trouvé quelques aires musicales de cumbias et de caderonas qui présentaient tellement de résonnances originaires qu’elles rappelaient les côtes de l’ancien Kétou (Nigeria, Bénin, Togo actuels). Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire…

Comme on l’a déjà vu plus haut, il est possible d’aller dépister les origines du hip-hop dans les tambours et les chants de griots de la côte ouest Africaine. La musique parlée est arrivée avec les embarcations emplies d’hommes et de femmes séquestrés des siècles auparavant. Le rap, comme le fut également le worksong, appartient à cette catégorie, et ce n’est pas fortuit. La culture yoruba a eu une grande incidence en Amérique, et précisément sa langue, comme d’autres originaires de l’Afrique, c’est une langue à tons.

C’est justement le fait musical qui définit significativement les concepts. Un même mot prononcé à diverses hauteurs peut des fois catégoriquement en changer le sens. Les accents fonctionnent avec une relation avec le 3e degré en mineur et dans certains cas l’intervalle entre les accents est pentatonique.

Ainsi, le rap, en tant que musique parlée a un fort héritage musical qui évoque le langage même de la culture yoruba.

Un autre paramètre de la musique qui unit les deux rives de l’Atlantique est la fonctionnalité. Dans les cultures originaires de l’Afrique subsaharienne, la musique fonctionne comme langage humain. C’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire d’être musicien, ni de montrer de grandes habiletés dans l’exécution d’un instrument sophistiqué. Storm Roberts indique dans son livre “La música negra afroamericana” qu’une fois, un homme rentra d’un long voyage pour retrouver sa famille et dans la partie la plus passionnante de son récit (de voyage) il se mit à chanter. Le but de la musique est plus éthique qu’esthétique.

L’important semblerait être la participation communautaire, le langage musical fonctionne comme un véritable lien social. Il y a une musique spécifique pour le travail de la terre, une autre pour le mariage, une pour chanter la tombée de la nuit, et encore une autre pour recevoir le jour. Pour chaque événement de la vie, il y a une chanson.

Une chanson est attribuée à chacun à sa naissance. Cette chanson se répète à chaque moment important de sa vie. Si cette personne fait une faute grave, toute la communauté se réunit pour lui chanter sa chanson personnelle et ainsi lui rendre sa bonté originelle. Cette fonctionnalité holistique semble être présente dans le genre néoafricain. Dans le Hip Hop, la musique fonctionne également comme une forme de communication sociale, que ce soit pour communiquer une revendication sociale comme pour faire face aux adversités. Il n’importe pas tant que le MC chante de façon très juste, mais beaucoup plus qu’il soutienne l’idiosyncrasie de cette culture populaire qui chaque jour fait de plus en plus incursion dans le monde globalisé.


Pour conclure ces réflexions que nous essayerons d’approfondir, on peut penser que l’idée du fait communautaire est également un paramètre commun aux deux cultures. La tradition du Griot est héritée et l’idée de la famille est en général si forte que dans certaines nations traditionnelles, le mot pour nommer la communauté est le même que pour dire “moi”: Emi. Cette idée du fait communautaire se présente d’une manière très significative dans les “familles” du rap, elles ont leurs hiérarchies qui s’affichent avec une bijouterie prodigieuse, des cérémonies initiatiques, et dans certains cas se manifeste par des accords d’amitié entre bandes. La participation communautaire s’avère fondamentale non seulement pour le système de l’antiphonie de la musique yoruba, mais elle est également la pierre centrale du Hip Hop - héritier du Jazz - dont l’ancêtre se trouve sur la côte ouest de l’Afrique subsaharienne.

http://sonidosecosyresonanciasdeloceano.blogspot.com/2008/01/de-los-griots-al-hip-hop-2-parte.html

gm

des griots

Des griots d’Afrique au hip hop – Sons, échos et résonnances de l’océan

Prof. Fabio Sambartolomeo

Traduction : Guy Everard Mbarga



J'ai été surpris cette année par l'énorme accueil reçu par le séminaire d'appréciation de la musique afroaméricaine “Sonidos ecos y resonancias del océano”, que nous avons présenté-présentons les 12, 19 et 26 octobre au siège du Centre Culturel Paco Urondo, dépendant de l’UBA. Nous essayons de mettre en évidence une fois de plus, la présence de la culture traditionnelle de la côte occidentale de l'Afrique subsaharienne dans les différents genres de la musique populaire latinoaméricaine.


Il y a déjà quelques années que j'observe avec étonnement la grande avancée de ce qu'on appelle le Hip Hop dans la culture occidentale. Ce genre, en plus de pénétrer chaque fois plus dans presque tous les styles de la musique populaire possède une présence africaine évidente en plus des caractéristiques qui la rapprochent du paradigme de la musique d'origine.

Nous nous arrêterons maintenant pour analyser ces qualités qui font du Hip-hop un fidèle reflet qui unit les deux marges de l'Atlantique. Les cultures d’origine possèdent certains aspects qui les éloignent d'une certaine manière de la culture occidentale moderne. En premier lieu, on pourrait citer le phénomène de la non-fragmentation de la culture africaine traditionnelle. Cette non-fragmentation se fait évidente dans le fait que lors de l'événement culturel afro, l'art, la science, la religion et d'autres aspects de la vie se présentent comme une seule expression, un mouvement dans lequel la musique par exemple se trouve intimement liée à d'autres aspects de la vie.

Cela semble également être le cas du hip-hop, qui loin d'être un genre musical à la mode se présente comme un style de vie dans lequel la musique, la danse, les costumes, l'art du graffiti, l'idéologie et même l'attitude face au monde interagissent et appartiennent à un grand état de l'être.

Depuis les lointaines côtes de l'Afrique de l'Ouest jusqu'aux poètes du Bronx, l'improvisation est une ressource récurrente. Pilier dans le jazz, le hip-hop en tant que fidèle héritier appuie également sa colonne vertébrale sur les vers improvisés.

(JPEG)

KOOL HERC

(JPEG)

AFRIKA BAMBAATAA

Les origines du hip-hop remontent à 1973. Déjà à l’époque, un adolescent noir du nom d’Afrika Bambaataa inondait le Bronx River de ses improvisations réalisées sur sa console. Un jeune jamaïcain, Kool DJ Herc, à l'est du Bronx en faisait de même. Grandmaster Flash, un génie de la console gagnait de la notoriété plusieurs kilomètres plus loin dans le sud. Tous basaient leur art sur l'improvisation réalisée sur différentes expériences sonores, presque toujours sur un tourne disque avec une console qui reproduisait un fois et une autre fois un refrain en vogue à l’époque en guise de pédale. C’est justement à un maitre de cérémonie (mc) du nom de Lovebug Starsky que l’on attribue le terme hip-hop qui semble être la partie d’une improvisation vocale.

On retrouve donc l’improvisation, non seulement comme colonne vertébrale du genre, mais également comme une claire évidence de son lignage africain.

Les bateaux négriers menés en Amérique ne transportèrent pas que des personnes et de la douleur. Nous avons déjà fait référence à la non-fragmentation ; et justement, le fait musical et fondamentalement le fait rythmique ne faisait pas partie d’autre chose que la vie même. Et plus encore, les corps des personnes. La musique de l’Afrique de l’Ouest nous montre que la rythmique n’appartient pas seulement au tambour, mais fondamentalement au corps même de l’être humain. Le battement des paumes de main, le mouvement du corps, la voix humaine, sont tous dépositaires d’une culture qui a traversé l’océan en se construisant et en se reconstruisant, nous laissant un héritage non seulement musical, mais plus encore, philosophique.

De plus, la polyrythmie est l’habitat naturel des deux cultures. Celle-ci, de même que les applaudissements, les cris, les plaintes, les battements des pieds au sol et la participation du public, ont survécu au passage des siècles sur les deux rives de l’océan.

Dans la musique traditionnelle yoruba on trouve diverses cellules rythmiques superposées, fonctionnant comme de véritables phrases rythmiques. Il ne s’agit pas d’une donnée de faible importance si l’on considère les points de vue déjà dépassés des anthropologues des débuts du siècle qui affirmaient que la musique africaine était pauvre dans sa mélodie. Il est ainsi intéressant de prendre en compte l’élément rythme comme de véritables phrases renfermant un grand concept, non seulement en relation à la polyrythmie mais également à la fonctionnalité de la musique.

Ce grand concept du rythme comme partie du corps de l’homme et par conséquent de sa musique se fait plus évidente dans le hip-hop et dans d’autres cultures héritières du fait africain.

http://www.revistaquilombo.com.ar/revistas/30/q30.htm

Posté par guyzoducamer à 00:51 - Culture - Commentaires [1] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

31 décembre 2007